jeudi 6 novembre 2008

Des sourds et des entendants de concert


Répétition générale au jardin d'enfants





Baguettes en mains et implant cochléaire* dans l’oreille, Lisa tape joyeusement sur son tambour et fait la ronde en chantonnant. Au jardin d’enfant de l’Envol, les cours d’éducation musicale sont une partie de plaisir pour cette petite fille, sourde de naissance. Devant ses six camarades entendants armés de flûtes et de xylophones, elle joue au chef d’orchestre sans aucun problème d’autorité.

Cette année, l’Envol accueille sept enfants sourds. “Un boom par rapport à l'année dernière”, assure-t-on en riant dans les couloirs du jardin d’enfants. L’Envol se situe à côté de l'institut Bruckhof, un établissement pour enfants sourds. Les deux structures sont juridiquement distinctes, mais elles ont le même directeur, Christian Uhlmann et partagent la même conviction: “Les sourds doivent parler, car la société autour d’eux parle. Tout est fait pour le monde entendant”.

Laurent Thouverey, enseignant spécialisé, encadre tous les matins les groupes d’éducation musicale mêlant des enfants sourds et entendants âgés de 2 à 6 ans. Il explique l'intérêt de l'apprentissage de la musique pour les sourds.





Un suivi permanent

Pour favoriser l'intégration, de plus en plus d'élèves malentendants sont désormais scolarisés dans des écoles ordinaires. Les enseignants du Bruckhof doivent accompagner l’enfant dans sa scolarité, par des rendez-vous réguliers ou du soutien scolaire. “Parfois, l’intégration marche très bien à l’école primaire, et puis au collège tout à coup c’est l’échec. Les enfants ont plusieurs professeurs, l’acoustique des classes est différente”. Pour éviter les revers, un suivi permanent est nécessaire. L’institut mise aussi sur le dialogue avec les enseignants de l’Education nationale, afin de leur expliquer la nature du handicap et la meilleure manière de s’y adapter. “Pas besoin de crier ni de sur-articuler. En revanche, l’enfant sourd a besoin de schéma, de visuel, de polycopiés”.

Conscients de l'intérêt de leur démarche, les enseignants du Bruckhof ne prêchent pas pour autant le “tout-intégration”. Tous les enfants sourds ne sont pas comme Lisa. F., lui, a plus de difficulté, et cela n’est pas directement lié à son degré de surdité. Le contexte social, la prise en charge par la famille ou la rapidité du diagnostic jouent aussi un rôle essentiel.


*Un implant cochléaire est un appareillage qui sert à restaurer un certain niveau d'audition pour les personnes sourdes.

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