lundi 3 novembre 2008

Foi de rockeurs

Le rock chrétien était à l'honneur, ce week-end à la salle du Lazaret, à l'occasion du lancement du festival Heaven's door. 450 personnes, en majorité des jeunes, ont assisté aux sept concerts programmés.

17h30, samedi soir. On se presse déjà aux portes du foyer protestant de Neudorf. La salle du Lazaret s’apprête à accueillir, dans un peu plus d’une heure, une panoplie d’artistes venus transmettre le « message » chrétien. 25 euros l’entrée pour un accès complet à tous les concerts, 65 euros repas et hébergement compris. Les spectateurs viennent parfois de loin… Belges, Suisses et Parisiens ont pris la peine d’effectuer le déplacement pour la première édition de Heaven’s door.


"On se défoule pour le Seigneur. Etre chrétien, ce n'est pas forcément être coincé !"
Lena, Nicolas, Arnold, Eric arrivent de Lorraine. Ils l'avouent sans détour : la révolution rock au sein de l'église les a enthousiasmés. "Les moments de prière à proprement parler sont réservés à ceux qui connaissent déjà le monde de la religion", explique Arnold. "C'est plus simple pour l'église d'aller vers nous que d'attendre que nous fassions la démarche de venir à elle".




Les rockeurs venus transmettre leur foi prêchaient souvent des convaincus. Samuel, 20 ans, le certifie : il a d'abord investi la salle du Lazaret dans l’optique de "s’amuser et faire des rencontres".
A ses yeux, le rock chrétien représente une "musique saine, sans vulgarité". Son existence démontre l'esprit d'ouverture de l'église.






Odile, 21 ans, arrive de Paris accompagnée de sa mère. La présence du groupe « Make up your mind » au festival a suffi à la convaincre de se rendre à Strasbourg.
La perspective d'assister à " plein d'autres concerts super cools " l'enchante. Son but, du côté du foyer protestant de Neudorf ? « Partager ma foi avec d’autres chrétiens ».
















Non content d’enflammer la scène, Make up your mind a sans doute été le groupe dont les membres ont signé le plus d’autographes. Le groupe de ska est à l’origine d’une des plus belles séquences émotion du week-end. En plein concert, l’un des guitaristes, Peter, s’agenouille, et demande sa compagne Kirsten en mariage. "God, i'm so nervous", bredouille-t-il. Avant de lui chanter son amour, avec toutes les peines du monde puisque des interférences au niveau du son perturbent son tableau de marche.

"Ce soir, on va aller taper aux portes du paradis", avait lancé le speaker du Lazaret, quelques secondes avant l’entrée en scène de l’artiste Rycko. Relativement méconnu, le chanteur a conquis le public grâce à une partition mêlant r’n’b et rock, extraite de son premier album « A force d‘y croire ». Un style de musique apprécié des jeunes, une voix très centrée sur les aigus… La recette a fait mouche auprès des demoiselles du premier rang. Les thèmes, eux, mêlaient religion et convictions politiques : "l‘intégrité de l‘âme", les expulsions d’étrangers en situation irrégulière, la tolérance, la mégalomanie…

Les bras levés, comme pour implorer le ciel, les yeux fermés… A Heaven’s door, les contacts ne se nouent visiblement pas qu‘entre être humains.







Un concert de rock, chrétien ou non, c’est aussi un business. Merguez, saucisses et autres boissons, bières comprises, étaient donc proposées à la vente tout au long du week-end. Des recettes obtenues dépend notamment la pérennité du festival Heaven’s door.
Quoi qu'il en soit, l'affluence enregistrée cette année (450 spectateurs) donne déjà des ailes aux organisateurs. "On espère rééditer l’événement l’an prochain ou dans deux ans", confie Arnaud, membre de l’association organisatrice "Troisième jour".

T-shirts et autres sweats à l’effigie de Heaven's door ou de ses artistes ont souvent trouvé preneurs. Une manière pour les fans de conserver un souvenir de leur passage à la salle du Lazaret.
Il était également possible d'acquérir des CD de rock chrétien. Des ventes qui s'inscrivent elles aussi dans une logique comptable. Pour que l'initiative d'un festival soit un jour renouvelée, les organisateurs doivent s'assurer que la manifestation est viable financièrement.


Brian Ost, 28 ans, officie comme pasteur Dieppe, en Normandie. Ses chants, explique-t-il, « sont amenés par Dieu ». Le nom de sa musique, la « pop louange », parle de lui-même. Brian n’a qu’un souhait lorsqu‘il arrive sur scène, dimanche à 15 h : véhiculer les valeurs chrétiennes dans chacune de ses partitions. Un titre, « Unité », fait chavirer le public. A la demande de Brian Ost, les spectateurs se prennent par les bras. « On se serait cru dans une église », s’enthousiasme une adolescente.


Rick Heil est un rescapé. Atteint par la maladie de Crohn, caractérisée par de graves problèmes intestinaux, le chanteur du groupe Sonicflood a failli mourir récemment. Il s'en est finalement sorti et a trouvé la foi durant sa guérison. Sa caractéristique ? Il interrompt régulièrement ses titres pour raconter, en anglais, son histoire, sa lutte… « Certains ont-ils déjà été dans mon cas ? », interroge-t-il, dimanche après-midi, en plein concert. Trois ou quatre mains se lèvent dans la salle… Ou comment entrer en communion avec ses fans.


La ferveur du public ne s’est jamais démentie tout au long du week-end. Samedi soir, vers 23 h 30, des parents attendaient dehors, dans le froid.
Sourire aux lèvres, ils se refusaient à venir gâcher le plaisir de leurs enfants avant la fin du concert. Les adolescents sortiront finalement de la salle du Lazaret un peu après minuit…


Arnaud Stoltz le concède : « ce festival a une marge de progression énorme ». Son objectif ? attirer un nombre croissant de 16-25 ans, « le public qu’on vise ». « Les jeunes générations se dirigeront peut-être plus tard vers les chants traditionnels qu’on entend dans les églises », espère l’organisateur du festival. « Mais pour l’instant, c’est à nous de nous adapter. Le choix du rock est directement lié aux chiffres des ventes que nous étudions régulièrement. Le meilleur moyen d’attirer les jeunes est de leur présenter la musique qu’ils écoutent. »


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