jeudi 6 novembre 2008

Les conseils de la discorde

Initialement, il devait y avoir un Mcdonald's sous le théâtre Scala,
mais les Neudorfois s'y sont opposés. Une brasserie a finalement été installée.

Le nouveau conseil de quartier de Neudorf sera en place à partir de la mi-novembre. Ici comme ailleurs, les habitants ont testé déjà deux formules pour ces instances de concertation nées à Strasbourg en 1996, et rendues obligatoires par la loi depuis 2002. Une troisième verra le jour à partir du 19 novembre prochain.
Philippe Morel, 49 ans, habite Neudorf depuis 1989 et a vécu toutes ces étapes. Il y a douze ans, il s’est réjoui, comme d’autres, de la décision de la maire socialiste Catherine Trautmann de donner la parole aux administrés. A l’époque, il est persuadé que sa voix comptera, mais il est rapidement déçu. « C’était déjà l’adjoint de quartier qui pilotait, pas une personne indépendante », déplore-t-il.
Vice-président de l’association des amis et résidents de Neudorf (ARAN), Georges Hildwein, 68 ans, croyait quant à lui en l’efficacité du dispositif - « l’adjoint était quelque part un relais direct avec la municipalité » - mais, souligne-t-il, « les habitants étaient plus ou moins là sur invitation » et il n’y avait pas de « réunions publiques avec 100 personnes ».
Première véritable pomme de discorde, le projet d’implantation d’un Mcdonald’s sous le théâtre Scala, route du Polygone. Confrontée à une pétition contre un « rez-de-chaussée commercial », la mairie renonce. C’est finalement une brasserie qui s’installe.
L’aménagement de la place de l’Etoile, l’arrivée du centre commercial Rivétoile et l’implantation de l’UGC ciné-cité sont les autres sujets qui fâchent à l’aube de l’an 2000. « Chaque grand projet était présenté comme étant inéluctable », affirme Philippe Morel. « Il était impossible pour les habitants, même majoritaires, de remettre en cause quoi que ce soit. On ne nous laissait discuter que des choses insignifiantes, comme de la construction de petites placettes.» "Nous organisions beaucoup de réunions avec les riverains, y compris sur les grands sujets", se défend Claudine Arnold, l'adjointe de quartier de 1995 à 2000. "Je me souviens de levées de boucliers phénoménales. J'en ai pris plein la tête pour pas un rond. Je comprends que des frustrations aient pu naître. Mais les citoyens ont été écoutés, à défaut d'être toujours entendus. Il est normal que le politique tranche à un moment donné. Et puis, ces comités de quartiers avaient déjà le mérite d'exister à une époque où ils n'étaient pas obligatoires."

“ Des organisateurs de festivités ”

2001, changement de majorité. A grand renfort de promesses électorales, Fabienne Keller et Robert Grossmann entendent donner l’image d’un tandem réceptif aux attentes des habitants. Les comités de quartiers laissent place aux conseils de quartiers. « Cela a rapidement dérapé », se souvient Georges Hildwein. « Les événements brûlants qui animaient l’actualité étaient exclus du champ de discussion. »
Malgré son expérience passée, Philippe Morel part, lui, avec un a priori positif et ne manque pas une réunion. «Sous Keller, ça démarrait bien sur le papier mais les bonnes intentions ont tourné court », témoigne-t-il. « Un bureau a été nommé par la municipalité pour une période de deux ans, au terme de laquelle il devait y avoir des élections. Je me suis vite rendu compte qu’encore une fois, les sujets importants étaient systématiquement évacués. Le tracé du tram, la traversée d’une route sur les espaces verts du Kur Garten ou la destruction programmée du pont Churchill ne sont jamais venus alimenter les débats. L’ordre du jour était toujours le même : la rénovation de la place du Neufeld ou de celle du collège Jean Monnet, la propreté dans les rues, l’organisation d’une course populaire… »
En 2003, Philippe Morel envisage de se présenter aux élections du conseil de quartier de Neudorf. Mais le rendez-vous électoral, censé donner une légitimité démocratique au bureau, est annulé par la mairie au prétexte que sur l’ensemble de la ville, les candidatures ne sont pas assez nombreuses. Philippe Morel accepte de rejoindre l’équipe en place. Cependant, minoritaire au bureau, il ne réussit pas à influer sur le contenu des avis consultatifs remis régulièrement à la municipalité. « Nous avons monté une opposition avec ceux qui nous soutenaient et qui approuvaient nos remarques à chaque réunion. On se rencontrait en dehors des conseils pour réfléchir à des moyens de résister aux décisions prises sans concertation. » Désabusé, Philippe Morel finit par démissionner, le 8 mars 2006, en compagnie de quatre autres membres du bureau. Deux ans à peine après avoir pris ses fonctions…
Nommé porte-parole du conseil de quartiers entre février 2003 et novembre 2006, François-Xavier Weibel assure de son côté qu’il a été tenu compte de l’avis des Neudorfois : « Leur quotidien a été amélioré. La mairie nous laissait par exemple carte blanche sur les aménagements de places. Mais il est vrai que nous ne pouvions pas remettre en cause les grandes orientations votées en conseil municipal. Dès lors qu’un projet est acté et validé par les élus, il est normal que l’on ne puisse pas revenir dessus. » Et d’ajouter : « Repenser un projet, ça coûte du temps et de l’argent. » Geneviève Werlé, l'ancienne adjointe de quartier, assume quand à elle la politique menée dans les conseils. "A plusieurs reprises, je n'ai pas voulu relancer une énième phase de concertation. Surtout après le lancement des enquêtes publiques", souligne-t-elle. "On peut décider de palabrer cinq ou six années supplémentaires, mais on ne mettra jamais tout le monde d'accord. L'intérêt général doit primer. Les gens ont trop souvent tendance à défendre leur pré carré."
« Faute de dialogue, les conseils sont peu à peu devenus des organisateurs de festivités », relève pour sa part Georges Hildwein. « Ils jouaient le rôle de simples associations. Ça n’avait plus aucun intérêt. On discutait à bâtons rompus et l’assistance était de plus en plus clairsemée.»

Des nouveaux conseils plus indépendants

2008, les socialistes et leurs alliés reviennent au pouvoir. Roland Ries fait de la démocratie locale l’une des priorités de son mandat. Les nouveaux conseils de quartiers seront installés à partir du 19 novembre prochain pour une durée expérimentale de deux ans. Le maire leur a promis davantage d’autonomie. Aucun élu ne pourra se rendre aux réunions, qui rassembleront deux tiers d’habitants et un tiers d’acteurs associatifs ou socio-professionnels. Une Exit l’adjoint de quartier, le bureau sera seul maître de son ordre du jour. « Aucun lien hiérarchique n'est établi entre le conseil et l'adjoint ou l'administration municipale », assure-t-on à la mairie. Quant au porte-parole du conseil de quartier, il sera désigné au sein du collège des habitants par un bureau élu, à défaut d’être nommé par la ville comme par le passé.
En revanche, les habitants non membres ne seront plus libres de se rendre dans ces instances quand bon leur semble. Pour le public intéressé, une réunion publique annuelle sera programmée, qui présentera l’avancement des travaux.
Un budget de fonctionnement d’environ 30 000 euros est attribué à chaque conseil de quartier. “ Une bonne chose pour leur indépendance ”, relève Philippe Morel. La somme servira notamment à rémunérer un animateur professionnel, neutre et externe à la collectivité, chargé de mener les débats. Enfin, la municipalité devra désormais motiver ses décisions si celles-ci sont contraires à l'avis remis par le conseil de quartier.



Ces escaliers situés à proximité de l'UGC Ciné-Cité sont le dernier vestige du grand Pont Churchill, dont la destruction au début des années 2000 a été très contestée par les Neudorfois.

Si le jazz allemand m'était conté

A l'occasion du festival Jazz d'Or, la Cité de la musique et de la danse accueille, du vendredi 7 au vendredi 21 novembre, l'exposition "Deutscher Jazz/German Jazz".
Elaborée en 2006 par le Goethe Institut de Munich en partenariat avec l'Institut de jazz de Darmstadt, l'exposition tourne depuis dans le monde entier. Elle retrace l'histoire du jazz allemand, de son arrivée à Berlin dans les années 20 jusqu'à aujourd'hui, en passant par son interdiction sous le régime nazi.
Au-delà de la dimension historique, les quinze panneaux, rédigés en allemand et anglais, présentent une des scènes les plus actives d'Europe et ses artistes phares.
En complément, deux lecteurs MP3 sont à disposition des visiteurs désireux de découvrir des extraits musicaux se rapportant aux différentes époques.

* L'exposition "Deutscher Jazz/German Jazz" est visible à l'auditorium de la Cité de la musique et de la danse. Ouverture du lundi au samedi. Horaires: du lundi au vendredi de 8h à 22h, samedi de 8h à 20h. Entrée libre.

Des sourds et des entendants de concert


Répétition générale au jardin d'enfants





Baguettes en mains et implant cochléaire* dans l’oreille, Lisa tape joyeusement sur son tambour et fait la ronde en chantonnant. Au jardin d’enfant de l’Envol, les cours d’éducation musicale sont une partie de plaisir pour cette petite fille, sourde de naissance. Devant ses six camarades entendants armés de flûtes et de xylophones, elle joue au chef d’orchestre sans aucun problème d’autorité.

Cette année, l’Envol accueille sept enfants sourds. “Un boom par rapport à l'année dernière”, assure-t-on en riant dans les couloirs du jardin d’enfants. L’Envol se situe à côté de l'institut Bruckhof, un établissement pour enfants sourds. Les deux structures sont juridiquement distinctes, mais elles ont le même directeur, Christian Uhlmann et partagent la même conviction: “Les sourds doivent parler, car la société autour d’eux parle. Tout est fait pour le monde entendant”.

Laurent Thouverey, enseignant spécialisé, encadre tous les matins les groupes d’éducation musicale mêlant des enfants sourds et entendants âgés de 2 à 6 ans. Il explique l'intérêt de l'apprentissage de la musique pour les sourds.





Un suivi permanent

Pour favoriser l'intégration, de plus en plus d'élèves malentendants sont désormais scolarisés dans des écoles ordinaires. Les enseignants du Bruckhof doivent accompagner l’enfant dans sa scolarité, par des rendez-vous réguliers ou du soutien scolaire. “Parfois, l’intégration marche très bien à l’école primaire, et puis au collège tout à coup c’est l’échec. Les enfants ont plusieurs professeurs, l’acoustique des classes est différente”. Pour éviter les revers, un suivi permanent est nécessaire. L’institut mise aussi sur le dialogue avec les enseignants de l’Education nationale, afin de leur expliquer la nature du handicap et la meilleure manière de s’y adapter. “Pas besoin de crier ni de sur-articuler. En revanche, l’enfant sourd a besoin de schéma, de visuel, de polycopiés”.

Conscients de l'intérêt de leur démarche, les enseignants du Bruckhof ne prêchent pas pour autant le “tout-intégration”. Tous les enfants sourds ne sont pas comme Lisa. F., lui, a plus de difficulté, et cela n’est pas directement lié à son degré de surdité. Le contexte social, la prise en charge par la famille ou la rapidité du diagnostic jouent aussi un rôle essentiel.


*Un implant cochléaire est un appareillage qui sert à restaurer un certain niveau d'audition pour les personnes sourdes.

Une “Swing parade” à la salle Marcel Marceau

Plus d’une centaine de personnes sont venues assister à la comédie musicale jazz “Swing Parade” hier soir au centre culturel Marcel Marceau.
Le choeur Nobody Else de l’école de musique de Neudorf, composé de 25 adultes et dirigé par Bertrand Fiart, a chanté la rencontre de Théo, le héros solitaire, avec un choeur de jazz.
Initialement prévu en mai, l’événement a été reporté pour des soucis de mise en scène. Lionel Heinerich, metteur en scène, est venu au secours du choeur. Tout devait être prêt pour cette unique représentation.

mercredi 5 novembre 2008

La saucisse d'or attire du monde

Les clients se sont pressés ce mercredi dans la petite boucherie- charcuterie située 4 rue de Bâle, pour acheter la saucisse de viande (Fleischwurscht) de Pierre Siegrist. "Nous avons ouvert à 8 heures ce matin, et nous étions en rupture de stock dès 9 heures. On a demandé aux clients de revenir vers 15 heures.", précise une employée de la charcuterie.
Le boucher-charcutier a obtenu la médaille d'or de la saucisse de viande lors des Journées d'octobre qui se sont tenues à Mulhouse.

Viens chez moi, j’habite à Rivétoile

Des façades inachevées, du béton apparent dans les halls d’entrée et quelques cartons dans les couloirs. Les travaux ne sont pas encore finis dans les immeubles situés au-dessus du centre commercial Rivétoile. Les propriétaires ont payé entre 3000 et 4000 euros le mètre carré selon l'emplacement de l'appartement.
Marie Wernert, 27 ans, Mme Balaud, retraitée et Cédric Blunzter, étudiant en chirurgie dentaire ont emménagé au 2 et 4 passage Josette Clotis.


Mes premiers jours à Rivétoile
envoyé par cuej


Professionnels cherchent énergie et prestige

C’est dans un cabinet de 130m2, situé au-dessus de la galerie marchande Rivétoile qu’Antoine et Benoît* se sont installés il y a trois semaines. Ces deux jeunes praticiens ont opté pour ce quartier qu’ils estiment à leur image, “jeune et dynamique”.
Avant j’étais installé boulevard d’Anvers et je recherchais de l’énergie, un espace en mouvement, explique Antoine. Entre midi et deux, j’aime faire un tour dans le centre commercial. Je suis déjà copain avec tous les gars des commerces”.
Benoît, son associé, a choisi l’appartement sur plan, un “vrai coup de poker” selon lui. “J’avais envie d’évoluer, je cherchais un certain standing et une clientèle différente”, précise le praticien qui exercait jusque là au Neuhof.
Un écran plat dans la salle d’attente, des équipements de pointe... Les deux hommes jouent clairement la carte du prestige. Pourtant, ce souci de la perfection a été quelque peu entâché par le retard des travaux. “Nous n’avons toujours pas la télévision, les ascenseurs n’ont pas fonctionné pendant plusieurs semaines, et on vient tout juste d’avoir une véritable adresse postale”, s’agace Antoine.
Nous avions imaginé une Formule 1 pour travailler, et à cause de tous ces petits problèmes, nous ne pouvons pas passer la troisième”, plaisante Benoît.

*Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressés.

Sophie Albanesi
Floriane Andrey

mardi 4 novembre 2008

Pénurie de chantier... en 2009

Depuis la rentrée et l'emballement de la crise économique mondiale, le BTP alsacien a enregistré une baisse significative au troisième trimestre 2008 par rapport à la même période de l'année précédente. Le nombre de permis de construire accordés a baissé de 31,7% pour les logements et de 18,4% pour les bureaux. Seuls les logements individuels et les constructions agricoles viennent relever les chiffres.
Cette baisse de régime a des répercussions sur l'emploi. La section BTP de l'agence d'intérim Adecco de Strasbourg a enregistré une forte chute de la demande. "C'est le gros œuvre qui est le plus touché actuellement", explique la responsable de l'agence. "Nous enregistrons une baisse de l'activité depuis le début de l'été, mais c'est surtout parce que l'année 2007 a été exceptionnelle pour le BTP", explique Roger Schmitt, secrétaire de la fédération française du bâtiment pour le Bas-Rhin (FFB 67). Selon lui, les plus grosses difficultés sont pour 2009, quand les entreprises auront vidé leur carnet de commandes.

Pas assez de crédits aux particuliers

L'entrepreneur neudorfois Alban Dauti, gérant de la société Alfabat dresse un constat analogue. Il a enregistré une baisse de 60% de son activité en un an. "C'est devenu difficile dès le mois de mai. Les gros travaux sur Strasbourg sont presque tous finis, et les particuliers ont du mal à accéder au crédit à cause de la méfiance des banques. Il n'y a plus assez de travail pour tout le monde", souligne-t-il. Du coup, l'entrepreneur, qui embauchait cinq personnes, n'en fait plus travailler aujourd'hui que deux ou trois.
Chez Bat'Ide, "le moral est à zéro", selon le patron, Nurettin Gunerkaval. Depuis septembre "plusieurs chantiers ont été annulés au dernier moment à cause des banques qui ont bloqué les crédits", affirme-t-il. Pour le moment, il a du travail jusque février 2009; après, c'est l'inconnu. "Il y a de gros chantiers qui s'annoncent sur Neudorf, mais ils vont être raflés par les grosses entreprises", soupire-t-il.

Devenir plus mobile pour survivre

Parmi les entrepreneurs interrogés par Les news de Neudorf, seul Erol Cengiz, gérant de CEM Rénovation, envisage son avenir sereinement. "J'ai des commandes jusque fin 2010 et je suis déjà en train de négocier un contrat de trois ans pour après", précise-t-il. Son secret ? Il est présent sur une dizaine de chantiers sur toute la France : Colmar, Dijon, Thionville ou Perpignan. L'entrepreneur, qui travaillait exclusivement en Alsace a fait le pari de la mobilité en 2006 après avoir déjà rencontré quelques difficultés. "Aujourd'hui, on ne peut plus se permettre de rester dans sa région d'origine. Sinon, on est mort", affirme-t-il.

Pas un écoquartier, mais presque...

La municipalité vient de dévoiler son projet de reconversion pour le site du Bruckhof, situé entre la route du Rhin et l'avenue Aristide-Briand. Depuis la démolition de l'ancien dépôt CTS au printemps 2006, le terrain était laissé à l'abandon.
Le projet lancé par l'ancienne équipe municipale a été remanié après l'élection de Roland Ries en mars dernier. Il compte désormais davantage de logements - 420 contre 350 prévus initialement - et davantage de logements sociaux. "De 10% prévus dans le premier projet, on est passés aujourd'hui à 25% de logements sociaux et 10% en accession sociale à la propriété", a expliqué Alain Jund, adjoint au maire en charge de l'urbanisme.
Un immeuble de 4000 m2 de bureaux devrait donner sur le carrefour d'entrée dans le quartier - Bouygues Immobilier envisage d'y implanter son siège régional - et 2000 m2 sont prévus pour les commerces. "Ce ne seront que des commerces de proximité, nous ne prévoyons pas d'y implanter un supermarché", a affirmé Philippe Bies, adjoint au maire chargé de Neudorf.
Côté bâti, l'accent a été mis sur les performances énergétiques. La moitié des surfaces construites le sera selon la norme BBC (des bâtiments basse consommation, qui consomme moins de 50 kWh/m2), l'autre selon la norme THPE (très haute performance énergétique). Le site devrait par ailleurs bénéficier d'une bonne desserte en terme de transports en commun. En plus du tram, la municipalité prévoit de créer une voirie avec un arrêt de bus qui traverserait le site dans le prolongement de la rue de Soultz.
Pour Jean Mérat, l'architecte du projet, le projet au Bruckhof donnera naissance au "premier quartier durable" de Strasbourg. Alain Jund est plus modéré : "Ce n'est pas un écoquartier, mais ça s'en rapproche beaucoup." Il faudra attendre 2012 et la livraison des premiers bâtiments pour en juger.

L'angle de l'avenue Aristide-Briand et la route du Rhin aujourd'hui
et le projet de l'architecte.


Neudorf est-il le quartier vert de Strasbourg ?

Trois questions à Alain Jund, adjoint en charge de l'urbanisme, après l'annonce de la construction de l'écoquartier Danube et d'un ensemble immobilier au Bruckhof.

Alain Jund, en deux projets à Neudorf, vous venez d'annoncer la création de près de 1000 logements. Pourquoi spécifiquement ce quartier?
Aujourd'hui, il n'est plus question de poursuivre l'extension urbaine mais de développer la ville dans la ville. Le quartier de Neudorf offre actuellement d'importantes opportunités foncières avec de nombreux terrains d'activités laissés à l'abandon. L'écoquartier Danube est prévu sur le site de l'ancienne usine de Gaz de Strasbourg alors que le projet au Bruckhof s'implantera sur l'ancien dépôt de la CTS.

Pour l'écoquartier Danube et le projet immobilier du Bruckhof, l'accent a été mis sur les performances énergétiques des bâtiments. Est-ce une conséquence du Grenelle de l'environnement ?
Oui. Avec ces projets, nous avons essayé d'intégrer dès aujourd'hui les normes de construction des bâtiments basse consommation qui n'entreront en vigueur qu'en 2012. Même si des panneaux solaires seront posés, nous ne travaillons pas seulement sur les bâtiments. L'écoquartier comme le projet au Bruckhof intègrent la question de la mobilité. Ils sont tous les deux implantés à proximité du tram et nous prévoyons un nombre réduit de places de parking (0,5 place de stationnement par habitation, ndlr).

Neudorf a-t-il donc vocation à devenir le quartier vert de Strasbourg ?
Non, Neudorf n'est pas la conscience écologique de Strasbourg. A terme, nous souhaitons que Strasbourg dans son ensemble devienne une ville verte. Tous les quartiers de la ville et tous les nouveaux projets devront intégrer cette dimension environnementale. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux sont en cours de finalisation en ce moment : deux à Cronenbourg, dont un sur le site de l'ancienne brasserie, un à la Meinau et encore un autre à Neudorf, à Aristide Briand.

Christine Moser, prête-moi ta plume

Profession: écrivain public. Le mot sonne comme le nom d’un métier disparu. Pourtant Christine Moser est sûre d’être dans le coup et d’avoir fait le bon choix en créant en juin dernier sa micro-entreprise d’un genre inattendu. Début 2008, elle abandonne les formulaires et les chiffres de sa section examen, au rectorat de Strasbourg, pour se consacrer à sa passion: écrire pour elle et pour les autres. Des discours de mariage aux cartes de menus, des slogans publicitaires aux biographies, dans son salon qui lui sert de bureau, Christine passe du coq à l’âne avec bonheur. Sa clientèle est variée. Les petites entreprises la chargent de rédiger des modes d'emplois ou des discours. Les agences de publicité font appel à elle pour trouver une accroche percutante, une phrase-choc. Les particuliers lui demandent d'écrire leurs histoires personnelles. Les formulaires et courriers administratifs l'intéressent beaucoup moins. Elle en rédige d'ailleurs assez peu: « Il y a des gens qui sont spécialisés dans ce domaine, à l'ANPE ou à la CUS par exemple. Ils aident surtout les gens qui ne parlent pas français. Moi je préfère rédiger des choses plus personnelles»






Sous ses airs indéfinissables, le métier ne s’improvise pas. Avant de s'installer à son compte, Christine Moser a suivi une formation à distance au CNED. Au programme: des bases juridiques pour créer sa micro-entreprise et des exercices d'écriture, de la requête administrative à la rédaction littéraire.
La jeune femme avait déjà une licence d’histoire et un BTS publicité et communication. « Mais je savais très jeune que je ne voulais être rien de tout ça », confie-t-elle. Mais elle possède une bonne maîtrise de la langue, un vrai plaisir d’écrire, et une grande capacité d’écoute.






Ecouter et recueillir les confidences est devenu son métier. « Ça m'étonne toujours, mais les gens se livrent très facilement » confie-t-elle. Pour l'écrivain public, les relations professionnelles virent vite à l'intime.






Elle écrit depuis son domicile, rue de Bâle, mais en général, elle se déplace chez ses clients. Beaucoup sont Neudorfois, comme elle. Ils ont été informés par les cartes de visites qu'elle a déposées dans les associations locales ou au théâtre de la Scala. D'autres ont lu l'article publié dans l'édition de septembre du Journal de Neudorf. En attendant que le bouche-à-oreille fonctionne, elle continue ses démarches de porte à porte. « Je vais essayer de me faire connaître par le biais d'autres structures, et un peu plus loin, les collectivités locales et les mairies par exemple».
Christine Moser multiplie les publics et les genres. Elle écrit des nouvelles pour la presse, surtout féminine. Elle aimerait se lancer dans la littérature pour la jeunesse et les biographies. A chaque genre d'écrit, elle s'adapte au lecteur et à sa manière de s'exprimer.






Quelques mois après la création de sa micro-entreprise, Christine Moser se dit satisfaite. « Je pense que c'est un métier dont on peut vivre, mais il faut sans cesse rappeler qu'on est là, faire des démarches pour chercher les clients. Je crois qu’il n’y a pas de demande… Il faut la créer! »

Quand elle n’écrit pas pour gagner sa vie, elle le fait pour son loisir. Son premier roman, Double Vie, doit paraître en Belgique avant la fin de l’année. « Sentimental et moderne », selon sa propre définition. Un recueil de nouvelles est aussi en préparation, mais « par superstition», elle ne veut encore rien en dire.

lundi 3 novembre 2008

Foi de rockeurs

Le rock chrétien était à l'honneur, ce week-end à la salle du Lazaret, à l'occasion du lancement du festival Heaven's door. 450 personnes, en majorité des jeunes, ont assisté aux sept concerts programmés.

17h30, samedi soir. On se presse déjà aux portes du foyer protestant de Neudorf. La salle du Lazaret s’apprête à accueillir, dans un peu plus d’une heure, une panoplie d’artistes venus transmettre le « message » chrétien. 25 euros l’entrée pour un accès complet à tous les concerts, 65 euros repas et hébergement compris. Les spectateurs viennent parfois de loin… Belges, Suisses et Parisiens ont pris la peine d’effectuer le déplacement pour la première édition de Heaven’s door.


"On se défoule pour le Seigneur. Etre chrétien, ce n'est pas forcément être coincé !"
Lena, Nicolas, Arnold, Eric arrivent de Lorraine. Ils l'avouent sans détour : la révolution rock au sein de l'église les a enthousiasmés. "Les moments de prière à proprement parler sont réservés à ceux qui connaissent déjà le monde de la religion", explique Arnold. "C'est plus simple pour l'église d'aller vers nous que d'attendre que nous fassions la démarche de venir à elle".




Les rockeurs venus transmettre leur foi prêchaient souvent des convaincus. Samuel, 20 ans, le certifie : il a d'abord investi la salle du Lazaret dans l’optique de "s’amuser et faire des rencontres".
A ses yeux, le rock chrétien représente une "musique saine, sans vulgarité". Son existence démontre l'esprit d'ouverture de l'église.






Odile, 21 ans, arrive de Paris accompagnée de sa mère. La présence du groupe « Make up your mind » au festival a suffi à la convaincre de se rendre à Strasbourg.
La perspective d'assister à " plein d'autres concerts super cools " l'enchante. Son but, du côté du foyer protestant de Neudorf ? « Partager ma foi avec d’autres chrétiens ».
















Non content d’enflammer la scène, Make up your mind a sans doute été le groupe dont les membres ont signé le plus d’autographes. Le groupe de ska est à l’origine d’une des plus belles séquences émotion du week-end. En plein concert, l’un des guitaristes, Peter, s’agenouille, et demande sa compagne Kirsten en mariage. "God, i'm so nervous", bredouille-t-il. Avant de lui chanter son amour, avec toutes les peines du monde puisque des interférences au niveau du son perturbent son tableau de marche.

"Ce soir, on va aller taper aux portes du paradis", avait lancé le speaker du Lazaret, quelques secondes avant l’entrée en scène de l’artiste Rycko. Relativement méconnu, le chanteur a conquis le public grâce à une partition mêlant r’n’b et rock, extraite de son premier album « A force d‘y croire ». Un style de musique apprécié des jeunes, une voix très centrée sur les aigus… La recette a fait mouche auprès des demoiselles du premier rang. Les thèmes, eux, mêlaient religion et convictions politiques : "l‘intégrité de l‘âme", les expulsions d’étrangers en situation irrégulière, la tolérance, la mégalomanie…

Les bras levés, comme pour implorer le ciel, les yeux fermés… A Heaven’s door, les contacts ne se nouent visiblement pas qu‘entre être humains.







Un concert de rock, chrétien ou non, c’est aussi un business. Merguez, saucisses et autres boissons, bières comprises, étaient donc proposées à la vente tout au long du week-end. Des recettes obtenues dépend notamment la pérennité du festival Heaven’s door.
Quoi qu'il en soit, l'affluence enregistrée cette année (450 spectateurs) donne déjà des ailes aux organisateurs. "On espère rééditer l’événement l’an prochain ou dans deux ans", confie Arnaud, membre de l’association organisatrice "Troisième jour".

T-shirts et autres sweats à l’effigie de Heaven's door ou de ses artistes ont souvent trouvé preneurs. Une manière pour les fans de conserver un souvenir de leur passage à la salle du Lazaret.
Il était également possible d'acquérir des CD de rock chrétien. Des ventes qui s'inscrivent elles aussi dans une logique comptable. Pour que l'initiative d'un festival soit un jour renouvelée, les organisateurs doivent s'assurer que la manifestation est viable financièrement.


Brian Ost, 28 ans, officie comme pasteur Dieppe, en Normandie. Ses chants, explique-t-il, « sont amenés par Dieu ». Le nom de sa musique, la « pop louange », parle de lui-même. Brian n’a qu’un souhait lorsqu‘il arrive sur scène, dimanche à 15 h : véhiculer les valeurs chrétiennes dans chacune de ses partitions. Un titre, « Unité », fait chavirer le public. A la demande de Brian Ost, les spectateurs se prennent par les bras. « On se serait cru dans une église », s’enthousiasme une adolescente.


Rick Heil est un rescapé. Atteint par la maladie de Crohn, caractérisée par de graves problèmes intestinaux, le chanteur du groupe Sonicflood a failli mourir récemment. Il s'en est finalement sorti et a trouvé la foi durant sa guérison. Sa caractéristique ? Il interrompt régulièrement ses titres pour raconter, en anglais, son histoire, sa lutte… « Certains ont-ils déjà été dans mon cas ? », interroge-t-il, dimanche après-midi, en plein concert. Trois ou quatre mains se lèvent dans la salle… Ou comment entrer en communion avec ses fans.


La ferveur du public ne s’est jamais démentie tout au long du week-end. Samedi soir, vers 23 h 30, des parents attendaient dehors, dans le froid.
Sourire aux lèvres, ils se refusaient à venir gâcher le plaisir de leurs enfants avant la fin du concert. Les adolescents sortiront finalement de la salle du Lazaret un peu après minuit…


Arnaud Stoltz le concède : « ce festival a une marge de progression énorme ». Son objectif ? attirer un nombre croissant de 16-25 ans, « le public qu’on vise ». « Les jeunes générations se dirigeront peut-être plus tard vers les chants traditionnels qu’on entend dans les églises », espère l’organisateur du festival. « Mais pour l’instant, c’est à nous de nous adapter. Le choix du rock est directement lié aux chiffres des ventes que nous étudions régulièrement. Le meilleur moyen d’attirer les jeunes est de leur présenter la musique qu’ils écoutent. »


jeudi 30 octobre 2008

La route du Polygone à petite vitesse

Vitrines à l'abandon, rideaux détériorés, façades délabrées... Au début de la route du Polygone, côté Place de l'Etoile, les commerces fermés se succèdent. "L'entrée de Neudorf ne paye pas de mine, ça ne donne vraiment pas envie", soupire Delphine Marimoutou, coiffeuse installée au n°23 de la route. Les commerçants sont quasiment unanimes : la route du Polygone manque de dynamisme. "La rue est en train de péricliter, même si le mot est fort", affirme Christian Bilger, le président de l'Association des commerçants, détaillants et artisans de Neudorf (ACDAN). "Les banques, les assurances, les agences immobilières et les opticiens envahissent l'artère car ces enseignes ont l'argent pour s'installer", ajoute-t-il.
Pour certains, tout s'explique par la crise. Pour d'autres, le vieillissement de la clientèle est en cause. D'autres encore regrettent le manque d'accessibilité. Pourtant, les commerçants étaient nombreux à lutter contre le projet de passage du tramway route du Polygone - au point d'avoir obtenu satisfaction. Aujourd'hui, si certains ne regrettent rien de leur combat d'hier, quelques-uns, comme le président de l'ACDAN, en poste depuis deux ans, admettent que ce n'était pas la meilleure des solutions. "On ne rattrape jamais le temps perdu, ni les mauvaises décisions. On est obligé de faire avec maintenant", déplore Christian Bilger.

N°16 - Restaurant Xinh Xinh

Le restaurant chinois a fermé ses portes le 30 juin 2008. Sur la vitrine, un petit mot pour les fidèles: "Toute belle histoire ayant une fin, malheureusement la nôtre se terminera avec la fermeture définitive de notre restaurant. Nous tenons à vous remercier chaleureusement pour votre soutien sans lequel nous n'aurions pu exister ces quinze belles années. Ce n'est qu'un Au revoir".


« La Ville à prévu de démolir ces bâtiments »

N°18 Un restaurant de spécialités chinoises et vietnamiennes a fermé il y a "deux ou trois mois", selon le gérant de la brasserie située en face.
N°20 Le garage Cycles Courses est fermé au public depuis 3 ou 4 ans.
N°22 Le rideau de fer du magasin d'alimentation générale reste baissé.
Toutes ces devantures vides ont été rachetées par la Ville. "La municipalité souhaite démolir les bâtiments jusqu'à l'angle de la rue d'Erstein", affirme M. Roda, le cordonnier du n°23. "Les habitations vont être reculées, il y devrait y avoir des commerces et des espaces verts", assure
Delphine Marimoutou, la gérante du salon de coiffure Camina.



N°23 - Cordonnerie Joseph Roda

"Ca fait 35 ans qu'on est installé ici. On en a vu, des évolutions. Avant il y avait un chapelier, la boutique à Nanou, des boucheries etc. La droguerie a été remplacée par un tabac, le restaurant libanais a pris la place de la corsetière. Ces changements reflètent plusieurs problèmes : les gens n'ont plus d'argent et avec la conjoncture actuelle, c'est difficile. Nous, nous n'avons pas de problème, car nous avons un métier manuel qui nécessite du savoir-faire. On a réussi à fidéliser notre clientèle."

N°25 - Coiffure Camina - Delphine Marimoutou

"Nous sommes installés ici depuis deux ans. A Neudorf, c'est vieillot, il n' y a rien pour les jeunes. C'est pour ça que je veux attirer une clientèle jeune dans mon salon en proposant des nouvelles techniques de coupe etc. Ces derniers temps, on ressent la crise actuelle. Il y a moins de fréquentation surtout après le 20 du mois. On fait toujours un bon début de mois mais après les gens se serrent la ceinture."

N°43 - Salon de thé chez Annick - Mme Arslan

"Je travaille ici depuis presque dix ans et je pense que je vais fermer mon commerce l'année prochaine. Je n'arrive plus à payer mes factures. Les taxes sont trop chères. Avec l'interdiction de fumer en plus, ça ne marche plus comme avant. J'ai perdu 40 % de mon chiffre d'affaires depuis janvier. La Ville devait aider les commerces après l'interdiction de fumer dans les lieux publics, mais elle ne l'a pas fait."


N°48 - Pressing de l'Etoile - Mme Stenger

"Il y a pas mal de fermetures, c'est sûr. Les gens vont plus en centre ville. Depuis l'ouverture de Rivétoile, il y a moins de monde, mais parce que la route manque de diversité. Dans mon secteur, il n'y a pas de baisse de fréquentation. Cela fait 38 ans qu'ici il y a un pressing. Je l'ai repris il y a quatre ans et depuis tout va bien."


N°55 Tribal Vibe

Cette boutique d'artisanat africain est fermée depuis deux mois: "ça ne marchait pas trop", dit la pharmacienne du coin de la rue. "Il était là depuis trois ou quatre ans".



N°59 - Cordonnerie - M. Ozcan


"Les boutiques qui ferment, c'est partout pareil. On est tombé dans une crise et ça ne va pas s'améliorer. Pour ma part, le chiffre d'affaires a été légèrement touché mais je ne le ressens pas trop parce qu'il y a le cordonnier situé au 116 route du Polygone qui vient de fermer, donc ça en fait un de moins."

N°64 Blumstein Fleurs - Roger Blumstein

"La route est en perpétuel changement. Il y a des fermetures parce que les gens sont âgés et parce qu'ils ne trouvent pas de repreneur. Il y a ici un problème de parking de proximité. Quand la route du Polygone a été refaite, on a supprimé des places. On espère que les gens qui iront à pied à Rivétoile passeront devant le magasin et s'arrêteront".


N°73 Optic 2000 - Catherine Michalak

L'enseigne a remplacé une boutique de vêtements en 2000. "J'ai l'impression que ça vit moins qu'avant. Des magasins ne sont pas repris, d'autres le sont par des banques ou des opticiens (rires). Il y en a beaucoup sur la route du Polygone. C'est devenu compliqué de venir à Neudorf maintenant que le tram passe Place de l'Etoile. Il y a de gros problèmes de circulation et des sens interdits partout."

N°74 - Boutique Jany's

La boutique Jany's a fermé il y a un an "à cause d'un manque de rentabilité", selon la responsable du magasin de chaussures situé juste à côtés. "Les derniers patrons s'étaient installé ici il y a deux ans mais perdaient de l'argent ces derniers temps". "C'était une belle boutique que nous regrettons".


N°76 - Sagone (chaussures)
"Il y a une perte de dynamisme évidente. Les nouveaux clients se font de moins en moins nombreux. Dans mon magasin, j'ai remarqué une baisse de la fréquentation depuis deux ans mais pas trop du chiffre d'affaires. Mais ça inquiète quand même, on se remet en question. On prend l'ouverture de Rivétoile comme un événement positif parce qu'il n'ont pas des produits de qualité comme nous en vendons".


N°80 Copelia (mercerie) - Renate Kain

"Sur cette route, il y a déjà eu une période où les commerces fermaient. Il y avait ensuite eu une reprise et maintenant ça ferme de nouveau. Mais c'est partout pareil. Depuis que le tram roule, l'accès est plus difficile. Il détourne les gens. Et la crise ajoute son reste. Rivétoile concurrence parce que les gens y dépensent de l'argent. S'il veulent acheter quelque chose chez moi, ils n'ont plus d'argent. Mais tant qu'il n'y a pas de mercerie là-bas, je ne me fais pas de souci."


N°81 - Oze Lingerie

"Des banques, des assurances... tout sauf des commerces de textile s'installent ici. Beaucoup de boutiques ferment parce que les gens partent à la retraite ou simplement parce que ça ne marche pas. Nous avons une clientèle fidèle mais c'est la crise. Les gens achètent plutôt l'utile. La baisse de fréquentation est là. Ce sont les jeunes qui nous manquent le plus parce que les personnes âgées nous quittent et nous n'arrivons pas à renouveler notre clientèle."

N°90 - La Table Verte, épicerie bio - Simone Grussi

"Je me suis installée ici le 1er octobre parce que c'est un des quartiers de Strasbourg où il reste un centre ville. Mon idée c'était de développer un commerce de quartier pour les clients isolés. Je ne ressens pas du tout la crise. Mes clients s'en plaignent beaucoup mais viennent tout de même s'approvisionner ici. Ils sont très intéressés par le bio et la décoration particulière de la boutique. "


Une carte de fidélité contre la morosité

Au premier trimestre 2009, l'ACDAN mettra en place la carte de fidélité Neudorfidé. Les clients capitaliseront des remises à chaque achat effectué dans les commerces partenaires. Les sommes cumulées pourront être dépensées dans n'importe quelle boutique adhérente. Cette carte de fidélité fera son apparition quelques mois après l'ouverture du centre commercial Rivétoile sur les fronts de Neudorf. Pour Christian Bilger, le président de l'ACDAN, "ça n'a aucun rapport, la mise en place de la carte est en gestation depuis un an". Le projet Rivétoile n'est-il pourtant pas né il y a dix ans?

Floriane Andrey
Sophie Albanesi

76 places, 300 candidats pour la nouvelle maison de retraite


76 places - et déjà plus de 300 dossiers en attente. Elle ne fonctionne pas encore que déjà la nouvelle maison de retraite de l'avenue Jean Jaurès est surchargée de demandes. A l'approche de l'ouverture, la directrice de l'établissement, Martine Heros-Jordan, examine les demandes au cas par cas. Il lui faut définir qui peut bénéficier d'un accueil dans son établissement. De multiples critères entrent en jeu.

"300 dossiers, cela ne veut pas dire qu'il y a 300 personnes qui remplissent les conditions d'admission", explique la responsable de l'établissement. "Beaucoup de demandes ne sont pas, ou pas encore actuelles. Certaines personnes sont décédées, la santé d'autres candidats s'est dégradée. Il y a aussi les demandes préventives de gens qui peuvent encore rester chez eux". Les premières candidatures sont arrivées en 2005. Etant donné le manque de places et le temps d'attente pour entrer dans un établissement, les personnes âgées et leur famille font leur demande bien avant d'en avoir besoin. Dans le choix de Martine Heros-Jordan, le critère temps est important: plus tôt on a déposé un dossier, et plus on a de chances d'être accueilli.

Priorité aux Neudorfois

Comme tout établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), la nouvelle maison de l'avenue Jean Jaurès a pour vocation d'accueillir des personnes qui ne peuvent plus vivre seules, sans accepter les grabataires, qui, eux, relèvent du long séjour. Dix places en "unité de vie partagée" sont réservées aux patients souffrant d'Alzheimer. "C'est un espace sécurisé. On ne peut pas en sortir sans digicode. Ces unités correspondent à une phase relativement fréquente dans la maladie, avec des fugues, une perte des repères spatio-temporels", explique la directrice de l'établissement.

Si le dossier médical joue un rôle majeur dans le choix des futurs pensionnaires, Martine Heros-Jordan reste attentive au contexte social et familial. Elle donne la priorité aux habitants du quartier: "Il est important que les personnes restent dans leur environnement habituel. La majorité des demandes viennent d'ailleurs de Neudorf".

Un deuxième établissement en projet

L'établissement devrait ouvrir ses portes dans le courant du mois de novembre, dès qu'auront eu lieu les contrôles de sécurité et de conformité. A Hospitalor, l'association qui gère l'établissement ainsi qu'une trentaine d'autres, on espère que tout sera en place pour le 17 novembre. A partir de cette date, les entrées se feront de manière progressive, au rythme d'une vingtaine de personnes par semaine.

L'explosion des demandes d'hébergement montre l'ampleur du besoin. Selon une étude de la ville, il manquait à Strasbourg, en 2003, 400 places d'accueil et d'accompagnement. Le département a donc décidé d'un plan d'action qui prévoit la construction de cinq établissements, dont deux à Neudorf: celui de l'avenue Jean Jaurès, et un autre, encore en projet, dans la zone Danube. Erna Jung, chef des services établissement et institution au Conseil général du Bas-Rhin, ne sait pas si ce plan d'action suffira pour répondre à l'urgence de la situation dans la CUS. "Le Bas-Rhin étant une des régions les mieux équipées, la priorité a été donnée à d'autres régions. Il y a eu alors un blocage pendant plusieurs années".

Dans l'EHPAD, l'effort est mis sur la prise en charge non médicamenteuse. Le personnel a prévu d'organiser des activités et des animations comme des ateliers de cuisine. Il promet de s'adapter à la demande des hôtes des lieux, dès leur arrivée.

Gaëlle Dietrich